28 Avril 1792 : Pétanque et Barils de poudre

Après avoir évoqué l’Auvergne, partons faire un court voyage a Marseille, sur la Canebière. Ce billet évoque plus une anecdote, qu’une véritable histoire, mais je pense, à l’avenir en faire quelque uns semblables. Après tout, les histoires les plus courtes sont censées être les meilleurs.

Celle-ci, en tout cas, fait partie de ces petites perles de l’Histoire, ces faits divers que l’on retrouve des années après, et qu’il serait bien dommage d’oublier. Alors  aujourd’hui, on va parler de pétanque (à l’époque nommée « jeu provençal »). Et de boulets de canons. Et de soldats un peu cons. Allez c’est parti !

28 Avril 1792

Nous sommes le 28 Avril 1792. Précisément. Nous sommes en pleine Révolution Française, et c’est un peu le bordel partout. Marseille n’y échappe évidemment pas. En ce printemps 1792, la saison est aux émeutes.  A Marseille, pas tellement, puisque la ville a été favorable à la Révolution. Mais aux alentours, c’est le bazar. Notamment à Arles. Alors, en Mars 1792, des Gardes Nationaux sont envoyés là-bas pour mater les émeutes. Aujourd’hui, on dirait « tirer dans le tas ».

La Garde Nationale, c’est une milice populaire, formée de volontaires. Apparues à la Révolution, c’est à dire quelques mois plus tôt, elles ne sont pas formées de véritables professionnels, encore moins au début. Alors quand les gardes nationaux rentre d’Arles, début Avril, on a pas franchement affaire à soldats d’élites. Ni à des lumières d’ailleurs.

En ce dimanche 28 Avril 1792, l’heure n’est plus tout à fait à l’émeute. La Garde Nationale est en garnison près du Couvent des Récollets, ce qui correspond aujourd’hui à l’Eglise Sainte Théodore de Marseille. Le reste du couvent à aujourd’hui disparu. Vous allez comprendre pourquoi, vous verrez, c’est tout con. Parce que ce couvent, il sert à entreposer les armes, les munitions et les barils de poudre. Autant dire que faut pas trop déconner.

Pourtant, nos gardes nationaux accompagnés de quelques jeunes de la Société Populaire de Marseille venus pour l’occasion ne semblent pas plus effrayés que ça. Pour vaincre l’ennui, et en bon marseillais, il décide de s’essayer à la pétanque. AVEC DES BOULETS DE CANONS. Des vrais pros, j’vous dis. Alors, forcément, ce qui devrait arriver, arriva. On ne sait pas trop comment, mais les barils de poudre explosèrent.

Deux hypothèses sont avancées :

  • La première met en cause les étincelles des boulets de canons sur les pavés, mais elle me semble improbable. La poudre n’est pas si instable que ça.
  • La seconde serait un accident dû à la cigarette d’un des miliciens. Étant donné qu’on parle de garçons jouant aux boules dans un entrepôt de poudre avec des boulets de canons, ca me semble crédible.

La fin de l’histoire est moins drôle. Parce qu’un entrepôt de poudre, quand ça explose, ça fait du dégât. Le bilan ? 38 morts, et plus de 200 blessés.

Tout ça à cause de la pétanque, de boulets de canons, de barils de poudre, d’une cigarette, et de soldats un peu con. La vie, ça tient à peu des fois …

 Sources

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